Gil Gallart
Sculpteur Créateur
NOUVELLE EXPOSITION DU 17 au 20 JUIN 2023
Place du Château, 84220 Gordes
Artiste autodidacte (né en 1956 à Avignon d'origine catalane). Première rencontre avec la sculpture auprès de Wilson Tiberio (peintre sculpteur Afro Brésilien).
Gil va poursuivre un itinéraire atypique de recherche intérieure. De ses voyages en Afrique, Amérique du Nord et Sud et enfin en Inde, il puise une source inépuisable d'inspiration.
Son travail exprime une pulsion forte, parfois provocatrice, il choisit des matériaux durs (marbre, granit) et les travaille jusqu'à obtenir des lignes les
plus pures possible.
Il invite l'autre à partager la symbolique de son imaginaire, l'émotion, la danse, la femme, la nature, l'essentiel du langage universel de l'art.
Dans ses sculptures, il rend un hommage perpétuel à la beauté et la sensualité de l'éternel féminin.
INSIDE OUT / DEDANS DEHORS / A DENTRO A FUERA
"Je vis et travaille seul en huis clos avec ma créativité, loin des influences et des courants pour ne pas spolier l'authenticité de mes émotions et par là même de mes créations.
C'est en taille directe que je sculpte, une fois fait le choix de mon sujet ; je démarre de la croûte en jouant avec la forme initiale du bloc, pour y marier mon intention et partager avec vous mon imaginaire en taillant dans la masse. J'ai choisi le marbre et le granit, car une fois polie, la nature et la beauté de la pierre révèlent alors le coeur, l'âme de mon message. (Je pratique le polissage uniquement à la main). J'ai franchi cette barrière qui sépare le besoin du désir pour aller à l'essentiel : me consacrer à la création."
"No siento el mundo mas" - Camaron de la Isla
"Siento Algo Mas" - Gil
Interview de "LArt vues" Février 2014
Gil GALLART est un artiste sculpteur autodidacte, né à Avignon le 29 novembre 1956, petit-fils de républicains espagnols arrivés en France en 1939. Après un premier contact avec la sculpture à son adolescence et début de l’âge adulte, il est parti sur la planète, dans de multiples pays (E.U., Afrique Centrale, Amérique Centrale et du Sud, Madagascar, et Asie du Sud-Est notamment en Inde), y exerçant de nombreux métiers. De retour dans sa région d’origine, il se consacre à la sculpture sur pierre dure depuis une dizaine d’années, et a son atelier à Aramon.
Gil GALLART, quels sont les éléments qui vous ont orienté vers votre art ?
- Je suis un autodidacte. L’élément fondateur est ma rencontre à l’adolescence, chez Yolande LEVINE, avec Tiberio WILSON, artiste peintre et sculpteur afro-brésilien ayant longtemps exercé à Rome. Alors, adolescent, je modelais l’argile, dessinais sur la pierre, puis j’ai essayé de sculpter. Tiberio m’a donné l’élan, le désir de faire des choses avec la pierre. Il a eu une énorme influence sur moi par son travail (beauté, puissance, force), et son infinie tendresse pour la pureté des formes. Auprès de lui, j’ai découvert une autre manière de communiquer avec la création. J’ai voulu être perméable à ce qu’il faisait, et le communiquer aux autres. Il m’a même transmis ses outils, un trésor. A ce moment-là, en proie à d’autres forces, notamment mes attractions pour les ailleurs, je n’ai pas su être opportuniste, mais je suis resté en contact avec lui jusqu’à sa mort. Il affirmait me comprendre.
Avez-vous reçu d’autres influences ?
- Plus récemment dans ma vie, Henry MOORE, sculpteur reconnu de son vivant, très prolifique, avec ses deux sujets de travail dans sa vie : la femme debout et la femme couchée, sur tout matériau dont la pierre et le bronze : forte impression.
Et après l’an 2000, DV MURUGAN avec son Art Studio à Mahabalipuran, India, qui ne produit que du monumental, à travers le monde (granit noir en général).
Mais je n’ai pas de contact avec le « circuit », quelqu’il soit. Je cherche à être « abstrait » par rapport au « système ». J’essaie de ne pas être influencé par le « visible ». L’essentiel de la création doit venir de l’artiste (émotion, sensation), et les influences (outre les grandes rencontres) doivent venir de son vécu (et moins de la production des autres), et de son imaginaire.
Je pense que le premier épanouissement de l’enfant devrait se réaliser à partir de l’art et de la créativité. Le reste (les matières traditionnelles scolaires) suivrait. Un enfant épanoui apprendra plus facilement les choses contraignantes.
Pourquoi la sculpture, pourquoi la pierre ?
- J’ai d’abord travaillé sur d’autres supports, le bois, l’argile, mais je n’étais pas satisfait, et comme j’avais renoué avec la pierre pour d’autres raisons (j’ai fait du paysagisme dans le Colorado), j’ai senti que là était le support de ce que je voulais créer. J’ai travaillé avec la pierre naturelle ; et marbre et granit incarnent le message que je veux donner (je n’en étais pas sûr avec la peinture ou un autre art). La pierre est le moyen le plus approprié de mon expression, notamment par la possibilité de la 3ème dimension.
Depuis 2000, je me consacre entièrement à la sculpture, je ne fais plus que ça, porté par l’élan de communiquer mon imaginaire. Mon travail a évolué. Mon style, mes thèmes, reflètent l’intention qui sous tend mon travail et mes exigences. J’épure les formes, c’est lié à mon passage en Inde (2004 → 2007 dans le Tamil Nadu à Mahabalipuram) et le temps passé dans les ateliers de grands maîtres m’a appris à maîtriser les techniques de taille du granit et du marbre.
Quelle technique affectionnez-vous, pourquoi ces choix de matériaux ?
- Il y a d’abord celle apprise auprès de Tiberio, et bien plus tard ce que j’ai appris dans les grands ateliers en Inde. J’y ai capté tout ce qu’il m’a été possible, et je m’en sers pour exprimer ma sensibilité. Pour chaque pierre, l’abord est différent, fonction de la dureté, la consistance, l’amalgame. En synthèse, ma technique est celle de la taille directe. Y interviennent la tonalité, les vibrations. Il y a une convergence entre soi et le reçu du monde extérieur à soi. J’ai mes acquis, mais chaque jour je découvre de nouvelles choses. Marbre et granit sont de très haute qualité au départ, durs et intenses, mais à l’épure de la sculpture, se révèle une noblesse supplémentaire au polissage final. La pierre révèle alors le maximum de sa beauté. Le polissage final est un peu comme un « EUREKA ».
Comment le processus de création se met en œuvre ? Quel est le moment où il se concrétise, et comment ?
- C’est une combinaison : au départ une idée, puis une approche. Trouver un bloc et me servir de sa force naturelle. Je conserve la partie brute et je dessine sur la pierre. Puis je sculpte. Ce n’est pas une bagarre, malgré la dureté du matériau. Je veux que cela soit une histoire d’amour, encore. Chaque marbre, chaque granit a son odeur particulière, liée aux processus géologiques de formation des roches à la sédimentation. Tous les sens sont sollicités et participent à la naissance de l’œuvre, le toucher, la vue, l’odorat, l’ouïe et n’oublions pas que le patrimoine géologique de notre région nous fournit des pierres magnifiques, y compris du marbre.
Quelle est votre source principale d’inspiration ? Y en a-t-il plusieurs ? La femme, le corps de la femme semblent très présents ?
Les deux sources principales : le grand miracle de la nature (elle est géante), et la femme, « temple de ma vie ». La femme est essentielle. J’admire la féminité, sa beauté, ses courbes et j’essaie de réaliser toute cette beauté : même dans la pierre, il y a cette beauté essentielle, la pureté des formes.
J’ai aussi besoin de la musique, c’est un élan ; et de la danse, forme belle du mouvement.
Les voyages m’influencent, le contact avec tous ces ailleurs ; je glisse parfois dans ma sculpture une touche imperceptible d’expérience vécue, parfois à mon insu.
Partez-vous d’un sens préalable, ou de la matière brute pour le trouver en chemin ?
- L’idée est préalable, même s’il n’y a pas encore le matériau ; parfois elle est antérieure d’une semaine… à plusieurs mois, avant que je la concrétise dans mon travail.
Puis, c’est la taille directe.
Je travaille presque toujours 4 ou 5 pièces à la fois. Si je bute quelque part, je reprendrai seulement quand mon sentiment sera en harmonie avec mon travail. S’il y a un ralentissement dans la fluidité de mon travail, je passe à une autre pièce où garder cette fluidité, et je reviendrai à la première en ayant dénoué le blocage, et retrouvé la fluidité.
Travaillez-vous en série ou en pièces individuelles ?
- Rarement en série, mais cela arrive, par exemple pour les Danseuses.
Je travaille essentiellement sur pièces individuelles. Je ne suis pas opposé, par principe, à la commande ; l’idée vient alors d’une autre personne que moi, mais c’est moi qui vais l’extraire de la pierre, porté par mon élan. C’est très personnel, et ancré dans mes racines subjectives.
Pour vous, c’est quoi être un artiste ?
- C’est un double engagement :
-vis-à-vis de soi, de se consacrer à , un peu comme une maïeutique, non des esprits, comme pour Socrate, mais dans mon cas, de la réponse que révèle la pierre à la question que lui pose le sculpteur.
-vis-à-vis de la société : je vais chercher et créer pour vous, pour moi, pour . Tout art est engagé : c’est à la fois un pari et un « embarquement », et le sens se mêle à la beauté… tout en laissant le circuit ouvert, bien sûr.
Mais le principal artiste reste la nature, approchable, porteuse de plus de potentialités que ce que la matière brute originelle nous montre au premier abord (là est le rôle du sculpteur, dans une mise au monde), mais inégalable quand elle se mêle de livrer elle-même ses propres œuvres.
Est-il facile de vivre aujourd’hui de la sculpture ?
- Oui, si on est connu, ou quand cela marche.
Sinon, c’est très difficile, même pour les gens de talent, même sur le circuit français. Cela peut aller jusqu’à une précarité extrême au quotidien, que les galeristes ou autres intermédiaires entre l’artiste et l’acquéreur intuitent très bien….
Quels sont vos projets, vos aspirations ?
- J’ai le désir de faire des pièces de taille plus importantes dans le marbre et le granit, et deux projets : un en alu, l’autre en inox. Cette année, j’envisage aussi plus de bronzes.
Une expo se prépare à Paris pour la fin du printemps. J’ai également trois contacts aux EU (galeries à Aspen et Denver, Colorado, et à Philadelphie en Pennsylvanie).
LArt vues Février 2014